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climatejustice.social

Zeitpunkt              Nutzer    Delta   Tröts        TNR     Titel                     Version  maxTL
Di 30.07.2024 00:00:30     9.877      +1      555.902    56,3 Climate Justice Social    4.2.1... 5.000
Mo 29.07.2024 00:01:12     9.876       0      555.053    56,2 Climate Justice Social    4.2.1... 5.000
So 28.07.2024 00:00:27     9.876      +1      554.241    56,1 Climate Justice Social    4.2.1... 5.000
Sa 27.07.2024 00:01:12     9.875      +1      553.191    56,0 Climate Justice Social    4.2.1... 5.000
Fr 26.07.2024 00:01:08     9.874      +2      552.199    55,9 Climate Justice Social    4.2.1... 5.000
Do 25.07.2024 00:00:00     9.872       0      550.974    55,8 Climate Justice Social    4.2.1... 5.000
Mi 24.07.2024 00:01:07     9.872      +1      550.210    55,7 Climate Justice Social    4.2.1... 5.000
Di 23.07.2024 00:01:01     9.871       0      549.028    55,6 Climate Justice Social    4.2.1... 5.000
Mo 22.07.2024 00:00:33     9.871       0      548.116    55,5 Climate Justice Social    4.2.1... 5.000
So 21.07.2024 00:00:00     9.871       0      546.944    55,4 Climate Justice Social    4.2.1... 5.000

Di 30.07.2024 14:58

Petit moment d'érudition amusante (ou pas).

Dans une note en bas de page du Capital, évoquant les saloperies avec lesquelles les propriétaires de grande boulangerie londonienne croisait leur farine - ce qui donna lieu d'ailleurs à de grands scandales et aux premières législations régulant les industries agro-alimentaires, Marx, qui ne renonce jamais à envoyer une pique aux Églises, cite un ouvrage d'un certain Rouard de Card, De la Falsification des substances sacramentelles, daté de 1856 (on en trouve des exemplaires en bibliothèque ou sur ebay).

Je cite la note en question :

"Dans un traité sur les falsifications des marchandises, le chimiste français Chevallier
passe en revue six cents et quelques articles et compte pour beaucoup d'entre eux dix, vingt, trente méthodes de falsification. Il ajoute qu'il ne connaît pas toutes les méthodes et ne mentionne pas toutes celles qu'il
connaît. Il indique six espèces de falsifications pour le sucre, neuf pour l'huile d'olive, dix pour le beurre, douze pour le sel, dix-neuf pour le lait, vingt pour le pain, vingt-trois pour l'eau-de-vie,
vingt-quatre pour la farine, vingt-huit pour le chocolat, trente
pour le vin, trente-deux pour le café, etc. Même le bon Dieu n'est pas épargné comme le prouve l'ouvrage de M. Ronard de Card « De la falsification des substances sacramentelles, Paris, 1856. »

Eh oui ! Le corps et le sang du Christ eux-mêmes étaient coupés avec des substances qui n'avaient pas grand rapport avec le raison ou la farine 😅

Comme quoi hein. Le capitalisme, spirituel ou pas, ne recule devant aucune turpitude si on ne l'en empêche pas.

Figurez-vous que cet ouvrage de Rouard de Card apparaît aussi dans un texte très fameux de la littérature de l'époque, le À Rebours de Joris-Karl Huysmans (1884), un antiroman qui met en scène le premier antihéros des temps modernes, le très mélancolique Jean des Esseintes, au cours d'une vie marquée par un ennui fracassant.

Et voici le passage en question :

"Dans la bibliothèque dominicaine, un docteur en théologie, un frère prêcheur, le R. P. Rouard de Card, ne s’était-il pas trouvé qui, à l’aide d’une brochure intitulée : « De la falsification des substances sacramentelles » avait péremptoirement démontré que la majeure partie des messes n’était pas valide, par ce motif que les matières servant au culte étaient sophistiquées par des commerçants.

Depuis des années, les huiles saintes étaient adultérées par de la graisse de volaille ; la cire, par des os calcinés ; l’encens, par de la vulgaire résine et du vieux benjoin. Mais ce qui était pis, c’était que les substances, indispensables au saint sacrifice, les deux substances sans lesquelles aucune oblation n’est possible, avaient, elles aussi, été dénaturées : le vin, par de multiples coupages, par d’illicites introductions de bois de Fernambouc, de baies d’hièble, d’alcool, d’alun, de salicylate, de litharge ; le pain, ce pain de l’Eucharistie qui doit être pétri avec la fine fleur des froments, par de la farine de haricots, de la potasse et de la terre de pipe !

Maintenant enfin, l’on était allé plus loin ; l’on avait osé supprimer complètement le blé et d’éhontés marchands fabriquaient presque toutes les hosties avec de la fécule de pomme de terre !

Or, Dieu se refusait à descendre dans la fécule. C’était un fait indéniable, sûr ; dans le second tome de sa théologie morale, S. E. le cardinal Gousset, avait, lui aussi, longuement traité cette question de la fraude au point de vue divin ; et, suivant l’incontestable autorité de ce maître, l’on ne pouvait consacrer le pain composé de farine d’avoine, de blé sarrasin, ou d’orge, et si le cas demeurait au moins douteux pour le pain de seigle, il ne pouvait soutenir aucune discussion, prêter à aucun litige, quand il s’agissait d’une fécule qui, selon l’expression ecclésiastique, n’était, à aucun titre, matière compétente du sacrement.

Par suite de la manipulation rapide de la fécule et de la belle apparence que présentaient les pains azymes créés avec cette matière, cette indigne fourberie s’était tellement propagée que le mystère de la transsubstantiation n’existait presque jamais plus et que les prêtres et les fidèles communiaient, sans le savoir, avec des espèces neutres.

Ah ! le temps était loin où Radegonde, reine de France, préparait elle-même le pain destiné aux autels, le temps où, d’après les coutumes de Cluny, trois prêtres ou trois diacres, à jeun, vêtus de l’aube et de l’amict, se lavaient le visage et les doigts, triaient le froment, grain à grain, l’écrasaient sous la meule, pétrissaient la pâte dans une eau froide et pure et la cuisaient eux-mêmes sur un feu clair, en chantant des psaumes !"

C'est au au chapitre 16 qu'on lira ici :

fr.wikisource.org/wiki/%C3%80_

NB : il y a eu une légère erreur dans la trad. du Capital chez Quadrige (qui a été corrigée dans la nouvelle trad. d'ailleurs aux Sciences Sociales : il s'agit bien de Rouard de Card et pas Ronard)

Rouard de Card, « De la falsification des substances sacramentelles » (1854)

Rouard de Card, « De la falsification des substances sacramentelles » (1854)

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