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climatejustice.social

Zeitpunkt              Nutzer    Delta   Tröts        TNR     Titel                     Version  maxTL
Fr 12.07.2024 00:01:33     9.862       0      541.845    54,9 Climate Justice Social    4.2.1... 5.000
Do 11.07.2024 00:00:34     9.862       0      541.041    54,9 Climate Justice Social    4.2.1... 5.000
Mi 10.07.2024 00:01:06     9.862      -1      540.201    54,8 Climate Justice Social    4.2.1... 5.000
Di 09.07.2024 00:00:51     9.863       0      539.257    54,7 Climate Justice Social    4.2.1... 5.000
Mo 08.07.2024 00:01:17     9.863       0      538.334    54,6 Climate Justice Social    4.2.1... 5.000
So 07.07.2024 00:01:12     9.863      +2      537.285    54,5 Climate Justice Social    4.2.1... 5.000
Sa 06.07.2024 00:01:06     9.861      +1      536.585    54,4 Climate Justice Social    4.2.1... 5.000
Fr 05.07.2024 00:01:07     9.860      -1      535.640    54,3 Climate Justice Social    4.2.1... 5.000
Do 04.07.2024 00:00:18     9.861       0      534.684    54,2 Climate Justice Social    4.2.9... 5.000
Mi 03.07.2024 00:00:14     9.861       0      533.860    54,1 Climate Justice Social    4.2.9... 5.000

Fr 12.07.2024 16:30

Été Marx !!
Un de mes passages préférés du Capital (la fin du chapitre 6 (achat et vente de la force de travail), de la section II du volume 1, traduction sous la direction de Jean-Pierre Lefebvre reprise aux PUf/Quadrige)

"La sphère de la circulation des marchandises, où s’accomplissent la vente et l’achat de la force de travail, est en réalité un véritable Eden des droits naturels de l’homme et du citoyen. Ce qui y règne seul, c’est Liberté, Egalité, Propriété et Bentham. Liberté ! car ni l’acheteur ni le vendeur d’une marchandise n’agissent par contrainte ; au contraire ils ne sont déterminés que par leur libre arbitre. Ils passent contrat ensemble en qualité de personnes libres et possédant les mêmes droits. Le contrat est le libre produit dans lequel leurs volontés se donnent une expression juridique commune. Egalité ! car ils n’entrent en rapport l’un avec l’autre qu’à titre de possesseurs de marchandise, et ils échangent équivalent contre équivalent. Propriété ! car chacun ne dispose que de ce qui lui appartient. Bentham ! car pour chacun d’eux il ne s’agit que de lui-même. La seule force qui les mette en présence rapport est celle de leur égoïsme, de leur profit particulier, de leurs intérêts privés. Chacun ne pense qu’à lui, personne ne s’inquiète de l’autre, et c’est précisément pour cela qu’en vertu d’une harmonie préétablie des choses, ou sous les auspices d’une providence tout ingénieuse, travaillant chacun pour soi, chacun chez soi, ils travaillent du même coup à l’utilité générale, à l’intérêt commun.

Au moment où nous sortons de cette sphère de la circulation simple qui fournit au libre-échangiste vulgaire ses notions, ses idées, sa manière de voir et le critérium de son jugement sur le capital et le salariat, nous voyons, à ce qu’il semble, s’opérer une certaine transformation dans la physionomie des personnages de notre drame. Notre ancien homme aux écus prend les devants et, en qualité de capitaliste, marche le premier ; le possesseur de la force de travail le suit par-derrière comme son travailleur à lui ; celui-là le regard narquois, l’air important et affairé ; celui-ci timide, hésitant, rétif, comme quelqu’un qui a porté sa propre peau au marché, et ne peut plus s’attendre qu’à une chose : à être tanné."

On appréciera l'ironie de Marx.

Les conservateurs capitalistes "libéraux" puisent toujours dans le même stock d'idées éculées à partir duquel ils ne manquent pas, encore de nos jours, de fabriquer le lénifiant narratif qui fait office de soporifique national : tous égaux (devant le livre marché), tous libres (d'entreprendre ou d'être entrepris), tous propriétaires (à des titres certes divers), et nous seuls assurons l'harmonie et la stabilité de l'ensemble (sans quoi les agences de notation vont nous taper sur les doigts : le pire cauchemar de Bruno le Maire !)

(j'ajouterai : et le racisme n'existe pas, et les inégalités ne sont que provisoires, autant dire qu'elles existent à peine)

Deborah Cowen dans son livre fascinant sur la militarisation des infrastructures du capitalisme international, The Deadly Life of Logistics Mapping Violence in Global Trade (2016), a montré comment, dans le contexte des menaces croissantes qui pèsent, pour de multiples raisons, sur la fluidité et la rapidité de la circulation des flux de marchandises, les compagnies privées et les États marchands protègent des territoires de plus en plus étendus (sur terre, sur les côtes, dans les océans) en militarisant les frontières : (l'impératif de) la libre circulation des marchandises (l'empire du "just-in-time") se traduit, pour les populations qui ont le malheur d'habiter dans ces territoires, ou d'y travailler (pour extraire, produire ces marchandises, ou assurer leur déploiement logistique), par une contrainte constante et aggravée, l'empêchement, l'immobilisation, voire, quand elles deviennent elles-mêmes un frein à cette fluidité, leur répression (parfois sanglante) et leur incarcération. Dans certaines régions du monde, dans ces zones d'exception qui sont régies par des lois spéciales, on peut dire qu'au fond la liberté, l'égalité, la propriété et l'harmonie sont des qualités propres à la marchandise plutôt qu'aux hommes et femmes qui y vivent ou y travaillent (lesquels sont aussi des marchandises, mais avec des droits inférieurs à ceux dont jouissent les produits destinés à alimenter la jouissance des habitants des consommateurs dans les pays riches)

upress.umn.edu/9780816680887/t

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