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climatejustice.social

Zeitpunkt              Nutzer    Delta   Tröts        TNR     Titel                     Version  maxTL
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Fr 05.07.2024 00:01:07     9.860      -1      535.640    54,3 Climate Justice Social    4.2.1... 5.000
Do 04.07.2024 00:00:18     9.861       0      534.684    54,2 Climate Justice Social    4.2.9... 5.000
Mi 03.07.2024 00:00:14     9.861      -1      533.860    54,1 Climate Justice Social    4.2.9... 5.000
Di 02.07.2024 00:01:45     9.862      +3      532.959    54,0 Climate Justice Social    4.2.9... 5.000
Mo 01.07.2024 00:00:55     9.859       0      532.218    54,0 Climate Justice Social    4.2.9... 5.000
So 30.06.2024 00:01:08     9.859       0      531.316    53,9 Climate Justice Social    4.2.9... 5.000
Sa 29.06.2024 00:00:41     9.859       0      530.380    53,8 Climate Justice Social    4.2.9... 5.000
Fr 28.06.2024 00:01:13     9.859       0      529.566    53,7 Climate Justice Social    4.2.9... 5.000
Do 27.06.2024 00:01:14     9.859       0      528.803    53,6 Climate Justice Social    4.2.9... 5.000

Sa 06.07.2024 12:06

(1/2) FOOTBALL/RACISME
1998-2024
de l’optimisme cruel

Ma chérie hier soir, qui dort quelque part dans le centre-ville de Metz, m’envoie un message vers 1h30 : « impossible de dormir, y'a des mecs dans la rue à cause du match de foot, et j’entends gueuler « les bougnoules sales arabes ». 

Ambiance été 2024.
Il y a 26 ans, en 1998, il en allait tout autrement.

Certain.e.s se rappellent sans doute l’effervescence populaire qui avait suivi le titre de champion du monde de foot en 1998 : la découverte et la célébration un peu stupéfaite d’une « nation multiraciale », l’apogée spectaculaire d’une brève période où le multiculturalisme avait le vent en poupe. C’était une autre époque. Vraiment.

De fait, comme le disent beaucoup de chercheurs des Critical Racial Studies, à commencer par David Theo Goldberg, le récit multiculturaliste ou, si l’on préfère, de l’avènement d’une société « post-raciale » (prétendant que le racisme était bel et bien derrière nous, emporté par cet autre récit, plus global, d’un progrès irrésistible des valeurs humanistes etc, etc.), ce récit a obscurci (avec les meilleures intentions du monde certes) la manière dont nos sociétés demeuraient structurellement racistes – en faisant passer dès lors toute manifestation de racisme pour un épisode exceptionnel, une aberration, un regrettable excès, une déviance passagère (le fait d’un citoyen mal informé, mal éduqué, dont le délire momentané ne signifie rien d’autre que l’acte impulsif d’une brebis galeuse – et ne devrait surtout pas dévoiler quoique ce soit du « système »).

On s’est rendu aveugle à la persistance structurelle du racisme, dans les inégalités socio-économiques, les institutions, jusqu’à, d’une manière somme toute extraordinaire, écarter du domaine du racisme les politiques migratoires, l’édification violente, sanglante, létale, de la forteresse européenne. Comme si ces corps noyés dérivant dans la méditerranée ou la Manche, n’avaient rien à voir avec le racisme (les catégories du « migrant », du « demandeur d’asile », du « réfugié », venant oblitérer leur caractère racial). Sans parler du harcèlement continu et quotidien des racisés dans ce pays, de la violence sélective des forces de l’ordre, des discriminations persistantes – transformant certaines enclaves en ghettos, en zones d’exception où règne un apartheid larvé à l’abri du regard des blancs.

L’Europe a été bâtie par les blancs et pour les blancs. Son histoire, esclavagiste, coloniale, et sa prospérité reposent sur l’exploitation des corps et des ressources de l’autre racisé. Et, plus profondément encore, la construction de l’identité européenne s’ancre dans la détermination de ces « pas tout à fait humains », pas « tout à fait blancs », « pas tout à fait européens » – qui du moins, s’ils prétendent le devenir, doivent et devront (ad vitam æternam) sans cesse en apporter la preuve, la justification (quand vous êtes blanc, cette justification n’est pas à fournir, elle va de soi – excepté peut-être si vous êtes vraiment « trop pauvre et sans emploi »).

Avec le recul, la diffusion du récit multiculturaliste de « la fin du racisme », dans lequel comme un certain nombre d’entre vous j’ai baigné, avec la joie et l’enthousiasme et l’espérance dont il était porteur, s’est échoué sur les rives d’une réalité bien plus amère : nous, les multiculturalistes, avons raté, dans notre candeur, et en toute bonne foi, ce qui structurellement assurait la pérennité du racisme, et qui nous revient aujourd’hui avec la plus grande brutalité sous la forme d’un autre récit : celui du suprématisme blanc, parfaitement explicite et devenu mainstream.

La suite sous ce message (ou bien sur mon blog :

outsiderland.com/danahilliot/1

Coupe du monde de football 1998

Coupe du monde de football 1998

Coupe du monde de football 1998

Coupe du monde de football 1998

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