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dana hiliot (@danahilliot) · 08/2023 · Tröts: 9.173 · Folger: 1.028
Mo 07.10.2024 18:08
En passant par un sentier entre deux rangées de houx dont les fruits commencent à mûrir, j'ai été pris d'un accès de tristesse proche de la mélancolie.
Le houx est associé chez moi à ce livre Moldanau, que j'ai mis trois ans à écrire. Et qui constitue ma plus grande déception littéraire (parmi d'autres déceptions littéraires).
Me sont revenus immédiatement, comme à chaque fois que je pense à ce texte, les mots de Werner Herzog : "Mais mon impression est que cela n'intéresse personne."
Si Herzog me parle dans ces moments de tristesse, c'est parce qu'il a grandi dans cette période que je considère comme un âge d'or de la culture, les mondes germanophones des années 60 et 70, un peu avant, un peu après. Âge d'or s'entend dans ma mythologie personnelle. Où tout était remis brutalement en chantier sous l'effet d'une conscience historique vive et coupable. Wolfgang Hildesheimer cessait d'écrire en 1980, décrétant la fin de la littérature. Un autre Werner, Kofler, écrirait plus tard : "L'Art doit détruire la réalité".
L'impression que donne les mondes littéraires aujourd'hui, c'est qu'on ne s'y intéresse plus du tout à la littérature en tant que telle. Elle ne fait plus question. C'est devenu une marchandise comme une autre. C'est exagéré évidemment. Mais qui de cette littérature qui se retourne sur elle-même et se confronte à son absurdité, sa vanité, le contrat passé avec le lecteur, et "comment écrire à l'heure de la catastrophe climatique ?"(et quoi écrire ?) - question qu'avait posée en 2016 Amitav Ghosh dans son The Great Derangement : Climate Change and the Unthinkable, et qui n'a pas, manifestement, suscité de grands débats, du moins en Europe...
Quand j'évoque à table avec ma compagne la pièce de théâtre que je suis en train de terminer, je le devine gênée. Nous avons parlé de cette gêne. Elle s'attend, elle ne peut pas s'empêcher de s'attendre, à un nouvel échec. Elle freine toute manifestation d'enthousiasme et restreint ses encouragements, et comme je fais de même, par prudence, pour atténuer à l'avance le choc de la déception à venir, nous voilà tous deux parlant à mi-mots, sans trop savoir quoi dire. Elle me connaît depuis longtemps, a vécu tous mes échecs littéraires, était aux premières loges du spectacle désolant de la déception, désolant car répété.
Quand j'écrivais Modanau, je me suis donc énormément documenté sur le houx. Mon grand ami Thomas B. lui même écrivain (et lui-même refusé, alors que son roman est excellent, tendre et perfide et drôle), m'avait offert, quelques mois après que je lui ai parlé du récit que j'essayais d'écrire, une bouteille d'eau de vie de baie de houx (qui, d'une certaine manière est un "personnage récurrent" de ce récit bizarre et tordu qu'est Moldanau). C'était assez divin.
Houx 7 octobre 2024, Fayet-le-Château
Werner Herzog
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