Zeitpunkt Nutzer Delta Tröts TNR Titel Version maxTL Do 25.07.2024 00:00:00 9.872 0 550.974 55,8 Climate Justice Social 4.2.1... 5.000 Mi 24.07.2024 00:01:07 9.872 +1 550.210 55,7 Climate Justice Social 4.2.1... 5.000 Di 23.07.2024 00:01:01 9.871 0 549.028 55,6 Climate Justice Social 4.2.1... 5.000 Mo 22.07.2024 00:00:33 9.871 0 548.116 55,5 Climate Justice Social 4.2.1... 5.000 So 21.07.2024 00:00:00 9.871 +1 546.944 55,4 Climate Justice Social 4.2.1... 5.000 Sa 20.07.2024 00:01:12 9.870 0 546.136 55,3 Climate Justice Social 4.2.1... 5.000 Fr 19.07.2024 14:00:42 9.870 +1 548.300 55,6 Climate Justice Social 4.2.1... 5.000 Do 18.07.2024 00:01:09 9.869 +1 547.299 55,5 Climate Justice Social 4.2.1... 5.000 Mi 17.07.2024 00:01:11 9.868 0 546.449 55,4 Climate Justice Social 4.2.1... 5.000 Di 16.07.2024 00:01:10 9.868 0 545.594 55,3 Climate Justice Social 4.2.1... 5.000
dana hiliot (@danahilliot) · 08/2023 · Tröts: 7.505 · Folger: 903
Do 25.07.2024 09:28
Remarque inspirante du livre de Franck Fischbach, qu'est-ce que le socialisme ? (Lux, 2017)
https://luxediteur.com/catalogue/quest-quun-gouvernement-socialiste/
"En fait, contrairement aux idées reçues, le sujet du socialisme était en réalité beaucoup plus difficile à constituer du temps de Marx qu’il ne l’est aujourd’hui. Je dirais même que le problème s’est en quelque sorte inversé : il y a aujourd’hui trop de candidats ! Au point qu’on peine à savoir lequel choisir : les femmes, les travailleurs immigrés ou réfugiés, les minorités issues des pays anciennement colonisés, les exclus du marché du travail, les précaires, les salariés encore inclus mais fragilisés et menacés de ne plus être inclus encore très longtemps, les étudiants endettés et les jeunes promis à un marché du travail hyper concurrentiel, les fonctionnaires petits et moyens représentatifs de ce que Bourdieu appelait « la main gauche de l’État », les petits entrepreneurs complètement soumis aux banques et/ou aux grandes entreprises dont ils sont les sous-traitants, la petite classe moyenne en voie de prolétarisation, les surdiplômés contraints aux jobs alimentaires, etc., etc. Cette pléthore de candidats à la constitution d’eux-mêmes comme sujets du socialisme représente, qui plus est, une écrasante majorité de la population : cette part n’est autre chose que les fameux 99 % de la population mondiale possédant autant de richesses que le 1 % restant.
On est donc très loin de l’époque où Marx appelait à devenir sujets du socialisme des travailleurs et des ouvriers qui ne représentaient qu’une partie très minoritaire de la population. À cette multiplicité des candidats s’ajoute aujourd’hui une multiplicité des formes de luttes – ces mêmes luttes auxquelles Honneth invite le socialisme à ne plus s’identifier : les luttes de nature économique (c’est-à-dire dont l’enjeu est la redistribution) subsistent bien entendu, mais s’y sont ajoutées les luttes féministes, les luttes écologistes, les luttes des minorités ethniques, les luttes des minorités sexuelles, etc. La multiplicité et la variété de ces luttes ne sont pas restées sans effet sur le socialisme ; on peut même dire, avec Emesto Laclau et Chantal Mouffe, que « la richesse et la pluralité même des luttes sociales contemporaines ont donné lieu à une crise théorique ». Et ce que ces luttes ont mis en crise, « c’est toute une conception du socialisme qui reposait sur la centralité ontologique de la classe ouvrière, sur le rôle de la Révolution, avec la majuscule, comme moment fondamental de la transition d’un type de société à un autre, et sur le projet illusoire d’une volonté collective unitaire ethomogène ».
***
De ce constat, Fischbah ne tire pas les mêmes conséquences qu'Axek Honneth ou Chantal Mouffe. Notamment quand il insiste sur le risque de dissolution de l'idée socialiste dans "la gauche" (pour le dire autrement, le risque que la question des inégalités économiques soit considérée comme une "lutte" parmi d'autres, voire plus un enjeu du tout : les combats qui ont émergé de la société civile ces dernières décennies ne sont pas incompatibles avec le capitalisme libéral, du moins dans certaines de leurs versions.
Mais d'autres problèmes, autrement plus décourageants, viennent ternir ce tableau des candidats au socialisme" : le remplacement du prolétariat par le précariat - le travailleur atomisé "disposable" comme on dit en anglais, c'est-à-dire à la fois "mis à disposition" et "jetable". Mais aussi la puissance extraordinaire de séduction opérée par ce qu'Alexander Dunlap appelle "la maison des bonbons", le mode de vie capitaliste/consumériste, par laquelle nous sommes attachés, affectivement, et presque physiologiquement (au sens d'intoxication ou d'addiction), aux marchandises fétiches - de manière encore plus intime sans doute que nos prédécesseurs. Et l'anthropologie néolibérale triomphe sans doute dans les crispations identitaires xénophobes qui rendent ces candidats "naturels" au socialisme parfaitement étrangers, voire opposés, aux concepts d'association, de coopération et de solidarité sur lesquels se fondent l'idée socialiste.
Qu’est-ce qu’un gouvernement socialiste? Lire un extrait Ce qui est vivant et ce qui est mort dans le socialisme Franck Fischbach Collection : Humanités . Lux éditions
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